Décryptage des technologies de demain : Mobile, applications, marques…
La semaine dernière, Agoralink a pu assister à la première conférence HUDBAY de l’année 2015, organisée par le HUB Institute : « Prediction ». Cette rencontre animée par 15 experts et professionnels de l’écosystème digital avait donc pour thème les tendances et les prédictions sur le digital en 2015.
Loin de faire un rapport exhaustif des différentes présentations qui ont eu lieu, nous souhaitions cependant revenir sur certains points évoqués lors de cette matinée : les tendances majeures et marquantes que les experts ont repérées, et leurs prédictions pour un avenir très proche, comme lointain…
Utilisation du mobile : la question ne se pose plus !
Si certaines marques et entreprises se posent peut-être encore la question d’être présentes ou non sur mobile, pour les experts du digital, c’est une interrogation qui n’a même plus lieu d’être en 2015. Le mobile est désormais adopté et ne fera que progresser. Nick Leeder, Directeur Google France, nous dépeint le paysage mobile français en 2015 :
– 55% de la population surfe en ligne sur mobile, un chiffre qui va continuer d’évoluer,
– 25% des requêtes « search » en France passent sur mobile : des requêtes qui concernent quasiment tous les secteurs (finance, voyage/tourisme, véhicule, maison/jardin…)
Bien que la France reste très portée sur l’utilisation du Desktop, le mobile ne cesse de progresser et peut-être que la tendance s’inversera, comme en Asie par exemple où l’on compte désormais plus de requêtes sur mobile.
Comme le souligne Emmanuel Vivier, du HUB Institute, si la question n’est plus d’aller ou non sur le mobile, une seconde question émerge désormais : quel business faire sur le mobile ?
En effet, Nick Leeder nous rappelle qu’au départ, même si le mobile engendrait beaucoup de trafic, le taux de conversion restait faible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Emmanuel Vivier nous donne quelques exemples illustrant cette tendance : 35% des revenus de Vente-privée.com proviennent du mobile, Facebook présente une croissance de 90% sur le mobile, 15% des consommateurs de Starbucks payent désormais avec leur mobile…
Le business via mobile n’étant plus à prouver, on observe même l’émergence de nouveaux business modèles « mobile only » comme Uber, Soon banque ou Capitaine Train.
Site mobile ou application ?
Une autre question est soulevée lorsque l’on parle mobile : faut-il privilégier un site mobile ou une application ? Nick Leeder commence à répondre à cette question par un chiffre évocateur : 80% des applications téléchargées ne sont plus utilisées après seulement 1 mois ! Sans pour autant abandonner les applications, il nous explique qu’elles doivent cependant apporter une réelle différence pour continuer à être utilisées. On constate en effet que les applications qui fonctionnent sont généralement celles qui ont un contact quotidien avec les utilisateurs (comme les banques) ou permettent l’utilisation d’un service très personnel (Facebook, Meetic, Tinder…). L’application doit donc présenter une réelle expérience mobile. Si ce n’est pas le cas, autant commencer par un site mobile, conclut Nick Leeder.
Un consommateur qui prend le dessus et force les marques à s’adapter
Un second point intéressant évoqué à plusieurs reprises lors de la conférence HUBDAY est l’évolution du consommateur, de ses usages, obligeant de plus en plus les marques à s’adapter. Si à une époque les marques créaient des besoins pour proposer de nouveaux produits, il semble aujourd’hui que la tendance s’inverse et qu’elles sont véritablement au service du consommateur, en créant les produits dont il a besoin.
Première difficulté pour les marques : l’émergence d’une économie du partage. Avec de nouveaux services comme Uber et autres BlaBlaCar par exemple, les consommateurs sont prêts à délaisser les marques en créant leurs propres services. Emmanuel Durand, Vice Président Marketing de Warner Bros, évoque également « l’âge de l’accès ». Selon lui, nous ne sommes plus dans une société de propriété mais une société d’expérience. Cela s’observe avec l’arrivée de nouveaux modèles aux modes de consommation par abonnement (Netflix par exemple). Est-ce que ces nouveaux modèles vont faire mourir les modèles traditionnels ? Pour Emmanual Durand, ces modèles vont simplement co-exister, même au sein d’un individu, pratiquant parfois l’achat et parfois l’abonnement. Mais les achats signifiants seront faits uniquement lorsque le consommateur aura un lien fort à la marque ou au produit. La marque doit donc réussir à être véritablement inspiratrice et présenter un réel marqueur social pour l’individu.
Le consommateur comme concurrent aux marques
Mais il existe des domaines où il devient de plus en plus difficile pour les marques d’être créatives et de proposer une véritable expérience. Nathalie Rastoin, Directrice Groupe Ogilvy France, nous fait un focus sur le véritable « tsunami » de vidéos auquel on assiste sur le Web, et de ses enjeux créatifs. Les plateformes de vidéo ne cessent de progresser mais les marques s’y retrouvent face à d’autres acteurs : autres marques ou simplement individus consommateurs. Il existe donc une extrême compétitivité dans la qualité des contenus : les marques sont aujourd’hui face à des personnes ayant du temps et de la créativité ! Nathalie Rastoin donne donc quelques conseils aux marques, parmi lesquels : ne plus avoir un état d’esprit publicitaire mais éditorial. En effet, ce n’est plus seulement l’investissement media qui prime, mais la qualité. Une qualité qu’elle définit comme « la pertinence dans le temps et dans l’espace du contenu que l’on propose ». Dans l’espace : les marques doivent sélectionner les bonnes plateformes ; dans le temps : un contenu rapide au bon moment, même de moindre qualité, sera le plus pertinent. Rappelons l’exemple de Curly et de son fameux tweet clin d’œil à Martin Fourcade lors des Jeux Olympiques de Sochi 2014 : la bonne idée au bon moment, immédiatement relayée par les internautes. Nathalie Rastoin nous rappelle donc la nécessité des news rooms pour les marques.
Mais un individu de plus en plus assisté
Si certains individus font preuve d’une grande créativité, on constate néanmoins que de manière générale, nous assistons à un changement de la société qui nous conduit vers un individu de plus en plus assisté par la technologie. Comme le dit Nathalie Rastoin, aujourd’hui, si vous avez une question : il existe une vidéo ou un tutoriel pour y répondre ! Les experts ont également pu observer cette tendance au CES 2015 de Las Vegas : quel que soit votre besoin, il existe désormais une application pour y répondre. Nous sommes dans la création d’un homme assisté dans tous les domaines. Les objets connectés sont partout : dans notre habitat, notre véhicule, mais aussi sur nous-mêmes.
Vers la perte des sachants ?
Cet « assistanat technologique » grandissant peut même paraître assez inquiétant pour les années à venir. Jean-Michel Billaut, digital expert, se pose la question de l’avenir des « sachants ». Il pense en effet que l’intelligence artificielle va poser problème à tous les sachants dans le futur et il relève 4 domaines dans lesquels de gros changements risquent d’intervenir, l’intelligence artificielle venant supplanter l’humain.
– La conduite automobile
Comme le rappelle Jean-Michel Billaut, l’humain n’est pas fiable en voiture. Parallèlement, on voit l’arrivée des voitures robots, sans volant ni pédales. Il nous prédit même que dans le futur, les gouvernements interdiront aux humains de conduire une voiture. Si une telle chose se produit, on imagine aisément les conséquences dans de nombreux domaines : fin de l’apprentissage de la conduite, des radars automatiques…
– La connaissance des langues
Jean-Michel Billaut nous rappelle qu’avec l’arrivée d’Internet, créant facilement des liens, le monde est devenu un village. Mais malgré cela, il reste un village dans lequel nous ne nous comprenons pas ! Aujourd’hui cependant, nous assistons à de réelles évolutions dans la traduction immédiate des langues : Skype a récemment proposé son traducteur en temps réel, Google a racheté l’application mobile de traduction World Lens… Les outils de traduction instantanée vont donc s’imposer, facilitant la vie des hommes tout en supprimant la nécessité d’apprendre plusieurs langues.
– La médecine curative
Nous assistons à l’arrivée de nombreux objets connectés à porter sur soi, et permettant de calculer ce que nous faisons dans la journée, tous nos efforts… Il est donc évident pour Jean-Michel Billaut qu’à l’avenir, nous nous ferons suivre médicalement par des objets capables de tout enregistrer et de nous créer un dossier médical. Quid des médecins et autres professionnels de santé quand ce moment sera venu ?
– Le droit
Enfin, un domaine qui devrait évoluer avec la technologie au détriment des sachants est le droit. Aujourd’hui, des mega-bases de données juridiques peuvent offrir divers services comme enregistrer toute la jurisprudence. Elles sont donc des bases de recherche précieuses et il n’est plus nécessaire pour les individus de connaître tout le droit.
Face à ces évolutions, Jean-Michel Billaut s’inquiète de l’avenir des sachants. Pour lui, l’intelligence artificielle va nous aider dans un premier temps, mais il prédit qu’elle finira par supplanter de nombreux sachants. Ainsi, pour lui, en 2030 ou 2040, nous devrions avoir besoin de seulement 80% des sachants actuels. Il se pose donc la question suivante : le « cognitive computing » est-il finalement bon ou dangereux pour l’avenir ?
Au final, que penser de ces évolutions technologiques ? Ces prédictions d’experts vous semblent-elles crédibles ? Et jusqu’où la technologie nous emmènera-t-elle ? Nous dirigeons-nous vers un avenir facilité et bénéfique ou inquiétant voire dangereux ?